Le grand chambardement

A n’en pas douter, la crise du Covid-19 a changé des croyances qu’on avait pu forger sur la formation à distance : elle n’est plus une option pour demain, mais une exigence d’aujourd’hui ; elle n’est pas seulement “intéressante”, elle constitue une approche hautement efficace ; elle n’est plus ce “truc cool” que d’autres avaient réussi à mettre en œuvre, mais ma nouvelle normalité inscrite dans mes activités quotidiennes. Autant de constats, qui ressortent d’un verbatim recueilli ces dernières semaines, et qui montrent qu’en effet le monde de la formation a muté… “pour de vrai” !

Un Directeur Formation d’un groupe du CAC 40 m’offrait récemment une anecdote significative. Avant le confinement, ils étaient sur le point de finaliser l’appel d’offre de remplacement de leur plateforme LMS (fournie par un leader mondial), laquelle n’avait jamais réussi à “embarquer” les utilisateurs, faute d’une expérience utilisateur adaptée. La nouvelle plateforme devrait donc combler cette lacune, notamment en privilégiant les ressorts de la gamification ou les aspects collaboratifs… Bref : tout ce qui leur avait manqué, et qui aurait été la cause de l’échec du digital learning. Oui, mais… Le confinement étant passé par là, les formateurs ont fini par se servir de la plateforme existante, les collaborateurs s’y sont connectés massivement… Quelques semaines plus tard, ce LMS, avant si décrié par tous, a fini par être apprécié de l’ensemble des utilisateurs ! Conclusion (souriante) : l’outil n’a pas le premier rôle d’une stratégie digital learning. Tout “has been” qu’il paraisse, il peut soudain rendre le service que la formation en attendait… On notera au passage qu’il est tout à fait possible de déployer des formations à distance sans plateforme LMS ni outil auteur, mais c'est une autre histoire, à découvrir dans une prochaine tribune ! 

Commerce, obligation légale et ingénierie financière

La question du modèle économique est autrement essentielle que celle des outils, pour les organismes de formation et les formateurs indépendants. Vend-on de la formation à distance comme du présentiel ? L’OPCO peut-il refuser de financer mon parcours digital learning ? Quelles preuves dois-je fournir en cas de contrôle ? Ce sont quelques-unes des interrogations légitimes de nos clients, car les OPCO eux-mêmes subissent les mutations en cours qui font bouger le cadre dans lequel ils intervenaient jusque-là. 

Si la formation est censée (sur le papier) se mettre au service de compétences qu’elle permettra de construire / valider, la plupart des clients de la formation continuent d’acheter de la formation en vrac / au kilo en quête du coût horaire le plus faible… Vous avez dit “aberrant” ? Exemple : admettons que deux formations permettent de valider les mêmes compétences, la première d’une durée de 5 heures, la seconde de 7 heures : on admettra que la première est plus “rentable” car moins chère (au kilo) ! Et si cette première formation n’était tout simplement pas moins performante, car je pourrais acquérir le même savoir en y passant 2 heures de moins ?

Les repères évoluent, ils demandent à être de nouveau challengés, voir réappris. C’est ce que vise la méthodologie doublée de la certification DLTE que nous avons développée pour accompagner les acteurs de la formation dans cette grande transformation - une réponse pragmatique et opérationnelle pour leur permettre de profiter pleinement des nouvelles opportunités. Tout professionnel de formation peut bénéficier d’un coup d’accélérateur, car ces marchés ne sont pas réservés à des spécialistes auto-proclamés, qu’ils soient ou non “digital natives”, qu’ils appartiennent ou non à des structures importantes. Affaire de diversité : le Digital Learning est l’affaire de tous ! Chaque organisme de formation même de taille très modeste, chaque formateur indépendant peut faire valoir expertise et qualité pédagogique dans leurs propres formations à distance. Il ne leur reste plus qu’à savoir la vendre.